1997 – Le Monde – Les réactions consécutives à l'abandon de Rhin-Rhône
Dès le changement de majorité en juin 1997, il est clair que le projet Rhin-Rhône est promis à l'abandon. Le Monde du 13 juin recueille des réactions dans une région concernée, à Lons-le-Saunier. Gilbert Barbier, maire de Dole, qualifie le canal de « formidable pari sur l'avenir de notre région » et son abandon imminent « d'immense gâchis ». Jean-Claude Protet, son adjoint, qui est aussi vice-président de la CCI du Jura, ajoute :
« Ce projet était vital pour créer une dynamique. J'étais convaincu qu'il se ferait, je ne suis pas encore persuadé qu'il ne se fera pas ».
Cette promesse de revanche, on la retrouve dans les déclarations d'un des principaux promoteurs du canal, l'association Mer du Nord-Méditerranée. Un autre article du 13 juin leur donne un écho.
« Le débat autour du grand canal, qui dure depuis plus de quarante ans et a souvent hésité entre l'épopée dans les lyriques projections géopolitiques et le mauvais feuilleton, entretenu avec opiniâtreté par la CNR avec des arguments de moins en moins convaincants et contredits par la plupart des experts, touche-t-il vraiment à sa fin ? Les partisans, qui sentaient le vent tourner, ne renoncent pas tout à fait. "Depuis vingt-sept ans que je suis dans ce métier et pour avoir vécu les hauts et les bas du dossier, quand on me dit irréversibilité je n'y crois absolument pas, essaie de se consoler Marc Schreiber, délégué général de l'Association Mer du Nord-Méditerranée (Medinord), principal lobby économico-politique pro-canal présidé par Raymond Barre. Dans trois ans, dans cinq ans, dans dix ans, ce projet refera surface." »
Du côté des opposants, on a de la peine à croire à une victoire si nette et on se méfie des retournements possibles. Philippe Thiéfaine, qui préside une association de défense du patrimoine dolois, affirme : « Il faut éradiquer toute possibilité de revenir sur ce projet ». Jacques Regaldi, président de la Gaule du Bas-Jura, estime quant à lui « qu'il faut verrouiller le dossier. Peut-être en classant une partie de la vallée du Doubs ». Les agriculteurs avaient pris leur part à l'opposition au projet, rappelle le correspondant du Monde. Michel Cucherousset s'étaient invité, avec d'autres membres de la Confédération paysanne, dans une session de la chambre d'agriculture du Jura. Il déclarait devant l'assistance :
« Le Jura va perdre 700 hectares de terres agricoles. Vous avez vendu un patrimoine qui n'était pas à vous. »
Pour éviter les développements anarchiques que la levée de l'hypothèque du canal pourrait susciter, Jean-Stéphane Devisse, porte-parole du WWF, demande la mise en œuvre d'un développement durable de la vallée du Doubs qui se concrétiserait par « une politique des transports le long de l'axe nord-sud ». L'auteur de l'article, Robert Belleret, note que certains ont déjà leurs idées sur la question.
« Parallèlement, un nouveau débat est déjà engagé sur le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Rhin-Rhône, parfois présenté comme la nouvelle panacée, et en faveur duquel Jean-Pierre Chevènement, président de l'association Trans Europe TGV Rhin-Rhône-Méditerranée, nouveau ministre de l'intérieur, déploie des efforts de communication exceptionnels. Une autre histoire. La relève ? »