Argumentaire sur le projet de canal SNE
Le projet de canal de liaison SNE prévoit la construction d'un canal à grand gabarit (pour des bateaux fluviaux de 4400 tonnes) entre le bassin de la Seine et celui de l'Escaut. Ce chantier, s'il était réalisé, absorberait au moins 5 milliards d'euros et produirait 50 millions de m3 de déblais de riches terres agricoles. Pour quels bénéfices ? Dans l'argumentaire présenté ici, le Clac apporte des réponses, fondées sur des études existantes et une analyse géographique.
Nos investigations sur SNE nous conduisent à mettre en doute (à grand renfort de data et de cartes) les promesses de ce projet, notamment dans cinq domaines :
– pour les conteneurs de la mondialisation, SNE ne peut pas alléger significativement la circulation des camions sur l'A1 ;
– pour le vrac pondéreux, SNE ne peut pas significativement développer l'export des céréales ;
– pour l'énergie, SNE ne peut pas rivaliser avec le train, notamment du fait des pompages que nécessite un canal de liaison interbassin ;
– l’inscription du projet SNE dans un « futur » réseau fluvial à grand gabarit qui n’a aucune chance de voir le jour ne renforce pas sa crédibilité ;
– les nouvelles données climatiques peuvent remettre en cause les projets utilisant l’eau et stérilisant de grandes surfaces agricoles.
La réalisation de SNE est annoncée comme inéluctable, mais cela fait partie d’une stratégie des promoteurs que nous avons bien connue pour Rhin-Rhône puis pour SMSR avant leur abandon.
Que penser du soutien d’Édouard Philippe à SNE quand il était premier ministre, alors qu’il en avait été l’opposant n°1 en tant que maire du Havre, fonction qu’il occupe à nouveau ?
Quant à la promesse de la fourniture par l'État du milliard d'euros manquant au financement de SNE, faite par Emmanuel Macron le 22 novembre 2019, elle est à juger à l'aune d'une réalité : l'Agence de financement des infrastructures (AFITF) ne dispose pas de ce milliard et devrait recourir à un emprunt.
De plus, les 750 à 900 millions nécessaires à la Société du canal SNE sont tributaires d’une taxe à prélever par la région Hauts-de-France, mais les contours de cette taxe ne sont pas encore définis.
D'un côté, le projet avance techniquement à grands pas vers sa réalisation. De l'autre, il n'est toujours pas financé. C'est un aspect qui est peu traité, jusqu'ici, par la presse.
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