2001 – Le Monde – Relance du fluvial et de Rhin-Rhône

La fin de la décennie 90 voit un retour à meilleure fortune pour le transport fluvial français. Le transport par le fleuve avait touché le fond vers 1995, avec 2,8 % de part modale et moins de 6 Mds de tkm réalisées. Dans les années qui suivent, il bénéficie d'un climat économique plus favorable, ainsi que des travaux d'amélioration engagés à partir de 1997. Un article du Monde du 27 janvier 2001, qui fait le point sur la modernisation du réseau, le rappelle.

« Outre les effets de la croissance, le transport fluvial a aussi bénéficié de la nette amélioration et de l'entretien des 6 700 kilomètres du réseau français, auquel 1,1 milliard de francs (plus de 160 millions d'euros) a été consacré en 2000. Par ailleurs, quinze régions ont signé des accords avec l’État, dans le cadre des contrats de plan, pour financer la modernisation et la fiabilité du réseau le plus utile au transport fluvial. »

En effet, les sommes consacrées à l'amélioration des infrastructures existantes sont en nette augmentation. Environ 450 millions en 1997, 548 millions de francs en 2000, près de 600 millions en 2001. Deux grands projets sont envisagés, Port 2000 pour Le Havre et la liaison Seine-Nord mais le calendrier de réalisation de ce dernier est soumis à bien des aléas.

Dans le courant de l'été 2002, on assiste à une tentative de relance du projet de canal Rhin-Rhône à grand gabarit. Le 2 juillet, à Besançon, l'Union européenne des chambres de commerce et d'industrie, qui rassemble 85 CCI de pays européens, appelle à la réalisation d'une liaison « Saône-Doubs-Rhin ». Cet appel fait écho à une déclaration du secrétaire d'État aux Transports, Dominique Bussereau, qui avait affirmé quelques jours plus tôt, le 28 juin, qu'il allait reprendre le dossier refermé par Dominique Voynet en 1997. M. Bussereau se disait « convaincu de la nécessité de relier l'hinterland du port de Marseille à l'Est européen » (Le Monde du 5 juillet 2002).

L'appel des CCI coïncide avec la sortie du rapport du sénateur Françis Grignon, dont Le Monde du 23 juillet fait état dans une brève. Les quinze sénateurs avancent une nouvelle version du projet Rhin-Rhône, beaucoup plus ambitieuse, chiffrée à « 23 milliards d'euros sur trente ans ». Le rapporteur résume ainsi la proposition :

« Il consisterait à faire les liaisons Saône-Rhin, Saône-Moselle et Seine-Moselle. Nous obtiendrions ainsi un maillage complet qui nous permettrait de suivre et de concurrencer nos voisins d'Europe du Nord »

Selon l'article, Dominique Bussereau se dit défavorable à Rhin-Rhône. On peut penser qu'il s'agit de la branche Rhin-Rhône de ce projet triple. Quoi qu'il en soit, le ministre en charge des Transports, Gilles de Robien, déclare le 18 novembre qu'il ne veut pas rouvrir le dossier Rhin-Rhône (Le Monde du 21 novembre 2002). Et il précise :

« À part la modernisation du réseau existant [du canal Rhin-Rhône] et l'aménagement progressif de la liaison Seine-Nord à grand gabarit (…), aucun autre projet de liaison fluviale n'a été retenu dans les schémas de service. »

On apprend dans Le Monde du lendemain (22 novembre) que l'ensemble des députés UMP de Franche-Comté sont opposés au grand canal.