Rapport d'Abel Thomas, 1960
"Sillon rhodanien Axe Rhin-Méditerranée", un plaidoyer pour le grand canal
Présentation faite par le Clac en 1997:
Trois ans avant la naissance de la DATAR, le ministère de la Construction confiait à Abel Thomas, commissaire à l’Aménagement du Territoire, la rédaction d’un rapport sur le sillon rhodanien et l’axe Rhin-Méditerranée. C’est le premier gros rapport officiel préconisant la réalisation d’un canal à grand gabarit entre le Rhin et le Rhône. Abel Thomas parle plus du canal Moselle-Saône que du canal Saône-Rhin via le Doubs, ce dernier étant finalement préféré dans les schémas de transport ultérieurs. Ce rapport a un intérêt historique, car il décrit une économie aujourd’hui révolue, celle fondée sur l’industrie lourde (charbon, acier). Par contre, il est déplorable pour ce qui concerne la prospective. L’auteur n’a rien vu venir du déclin des vieux bassins industriels, du transfert des industries lourdes vers les ports maritimes ni de l’explosion du trafic routier de marchandises. Au lieu de peser des arguments, il emploie l’emphase et le lyrisme, évoquant les vertus d’un canal qui viendra « balayer des régions entières de son flux vitalisant ». Il fait même preuve de mauvaise foi en confondant puissance et énergie, et ment carrément sur l’avantage énergétique de la voie d’eau. C’est ce type de rapport qui a contribué à faire perdurer à la fin du XXe siècle des projets du XIXe siècle. Heureusement, la clairvoyance d’autres décideurs (tel Pierre Massé, commissaire au Plan, dans sa lettre d’octobre 1961 au Premier ministre) a permis de différer la réalisation de travaux titanesques et inutiles, et enfin d’annuler, en octobre 1997, la déclaration d’utilité publique du canal Saône-Rhin datant de 1978.
Cliquez pour obtenir le fichier PDF.