1965 - Le Monde - Le projet Rhin-Rhône empêché par son coût

Bien plus que le défi technique représenté par le chantier d’un grand canal Rhin-Rhône, c’est des difficultés de son financement que viennent les hésitations du gouvernement sur ce projet, vers le milieu des années 1960. C’est ce qui ressort d’une réponse faite au député (UNR-UDT) du Rhône Henri Guillermin par le premier ministre Georges Pompidou, au début de 1965.

«Les études techniques ont permis de s'assurer que la réalisation de la liaison mer du Nord-Méditerranée ne poserait pas de problème insurmontable. Le franchissement de très grandes chutes par des élévateurs à grand gabarit paraît techniquement possible.»

(Le Monde 9 février 1965).

La difficulté à lancer un grand chantier tient donc à des limitations budgétaires, comme le suggère la suite de la réponse qui porte sur l’avancement des travaux sur le réseau fluvial français :

«la limitation des crédits n'a permis d'engager que partiellement les travaux d'aménagement prévus sur la Saône entre Lyon et Mâcon et sur la Moselle entre Metz et Frouard. L'année 1965 verra cependant l'engagement des travaux de mise à grand gabarit de la section Mulhouse-Niffer du canal du Rhône au Rhin.»

Les élus locaux maintiennent pourtant la pression pour obtenir plus de crédits dans le cadre du Ve Plan. Le Monde du 4 novembre de cette année-là rend compte d’une rencontre entre le premier ministre et une délégation de la Commission de développement économique régional de la Franche-Comté, comprenant des députés. Si le premier ministre a concédé quelques crédits supplémentaires, récupérés sur un fonds consacré à l’aménagement du territoire, il ne s’est pas engagé sur un calendrier de réalisation.

Là encore, c’est une négociation serrée entre état central et élus locaux sur le partage de la richesse nationale.

Ces difficultés de financement du projet devaient durer encore, puisqu’en 1968, comme l’explique Le Monde du 2 octobre de cette année, la Société d’étude mer du Nord-Méditerranée tentait de contracter un emprunt auprès de la Banque européenne d’investissement pour accélérer les travaux.